Une manœuvre grossière de la Sécurité routière met les journalistes en porte-à-faux

Les rédactions n’ont pas été consultées avant la publication de cette publicité.

Une pleine page de publicité de la Sécurité routière émanant de la régie Espace PHR est publiée cette semaine dans nos hebdomadaires, s’appuyant sur des extraits d’articles de la presse régionale pour promouvoir le passage aux 80 km/h, mesure on ne peut plus contestée dans les secteurs ruraux.

On peut penser ce qu’on veut de cette mesure en matière de sécurité routière. Mais en procédant ainsi à des fins de propagande, le Gouvernement met une nouvelle fois des journalistes en porte-à-faux qui voient leurs articles détournés : les quelques phrases extraites, allant toutes dans le sens de la Sécurité routière, sont en effet sorties de leur contexte et dénaturent les reportages.

De plus, il semblerait que les rédactions et les auteurs n’aient pas été consultés avant la diffusion de cette publicité.

Forte opposition

Rappelons que plus de 3 usagers sur 4 sont opposés à cette mesure prise de façon autoritaire par le Premier ministre et que la semaine dernière, au niveau national, ce sont 30 000 motards et automobilistes qui ont manifesté contre le passage aux 80 km/h.

Les journalistes ne peuvent que dénoncer cette tentative de manipulation grossière de l’opinion et demandent à la régie publicitaire Espace PHR de faire preuve d’un peu plus de discernement avant d’accepter les campagnes du Gouvernement.

Une question sur ce sujet sera posée au prochain Comité d’entreprise de Publihebdos, une de ces phrases ayant été piochée dans un article du Pays d’Auge.

Ne bradons pas le travail sur internet

Le développement du numérique a profondément changé les conditions de travail des journalistes de PHR

Reconnaissance du travail effectué, mise en place d’un cadre précis et versement d’une juste rémunération : ce sont ces trois points qui sont mis en avant par les journalistes CFDT de Publihebdos dans le cadre de la négociation d’un nouvel accord d’entreprise sur le travail internet.

Le précédent accord, conclu en 2015, est arrivé à son terme le 31 décembre dernier. Théoriquement, sa renégociation aurait dû être mise en chantier six mois avant son échéance, mais cela n’a pas été fait, la direction traînant plutôt des pieds sur ce sujet. Et pour cause : lors de la première réunion de négociation, elle a expliqué qu’elle entendait renégocier cet accord sur la base de l’accord précédent (à savoir une prime de 200 euros par an), ce qui, pour les journalistes CFDT, n’est pas acceptable.

Depuis 2015, en effet, le numérique a pris un poids considérable dans le travail des rédactions. Il représente aussi 7% du chiffre d’affaires publicitaire.

Les journalistes de PHR travaillent désormais de la même façon que leurs confrères des quotidiens (quant à la réactivité et la mise en ligne) et la création du portail actu.fr change aussi la donne sur le périmètre de diffusion de leurs articles.

Lors de la négociation de branche PHR sur la grille des journalistes, les éditeurs ont refusé toute discussion portant sur la révision des grilles de classifications et n’ont pas non plus voulu entendre parler de bonus de rémunération des journalistes pour le travail sur internet.

Pour Publihebdos, la direction considère que de fait, les journalistes de PHR sont « bimédias » et peuvent être appelés à travailler sur les supports multimédias sans rémunération supplémentaire. Un point de vue que nous ne partageons pas.

Nous revendications quant au travail sur internet au sein de Publihebdos portent sur trois points :

  • La reconnaissance du travail effectué : cela signifie que les éditeurs doivent réellement prendre en compte la charge de travail supplémentaire qu’apporte la mise en ligne d’informations en temps réel sur le site actu.fr et que cela ne peut pas se faire « en plus de tout le reste ». D’autant que le « web » ne s’accommode pas d’un simple copier-coller d’articles déjà diffusés dans les éditions « papier », nous répète-t-on sans cesse.
  • La définition d’un cadre précis : le projet actu.fr nécessite une grande implication des journalistes et dans plusieurs rédactions, des astreintes sont mises en place, notamment en ce qui concerne les faits divers. Dans ce domaine, on ne peut pas se satisfaire de solutions à géométrie variable, en fonction des zones et des éditeurs.
  • La juste rémunération : ce travail sur internet a profondément changé l’organisation des journées de travail et demande une veille constante, ce qui n’était pas le cas du temps des seuls journaux papier. Cela a aussi demandé une montée en compétences des journalistes, de plus en plus nombreux à maîtriser les « bons usages du net » tant sur la rédaction des articles numériques, que sur leur enrichissement avec des galeries photo et des vidéos.

Pour ces raisons, alors que la GPEC des journalistes n’avance pas et ne débouche sur rien, les journalistes CFDT demandent :

  • un complément de rémunération pour chaque journaliste travaillant sur le web de 50 euros brut par mois (soit 650 euros brut / an)
  • la mise en place de primes d’astreinte de week-end d’un montant de 15 euros par jour (samedi, dimanche, jour fériés et RH) en plus de la récupération des heures travaillées en cas de sortie terrain un jour d’astreinte.
  •  L’extension du paiement de ces primes aux journalistes et titres hors UES, mais rattachés à actu.fr (comme SEPR, par exemple).

La signature d’un tel accord dépendra certainement du rapport de force que les journalistes de Publihebdos et ses filiales pourront exercer sur la direction. Et nous aurons certainement besoin de votre mobilisation pour les faire aboutir ces demandes. Ne bradons pas le travail sur internet.