Nouvelle convention collective presse en région : plus d’inconvénients que d’avantages

Une nouvelle convention collective entre en vigueur, qui regroupe les neuf conventions collectives de la PQR, PQD, PHR (les journalistes en sont exclus : CCN 1480). Celle-ci a été avalisée par la CGT, majoritaire (avec 56%), mais rejetée par la CFDT, FO et la CGC.

Il est à noter que chaque branche garde ses classifications et grilles de salaire.

Pour la CFDT, cette nouvelle convention collective contient en effet plus d’inconvénients que d’avantages pour les salariés de ces branches, qui élargit par exemple les CDD d’usage aux employés et ouvriers ou encore autorise les « contrats de mission » (CDI d’opération).

> L’article sur le CDD d’usage. L’expérience montre que les employeurs, dans leur ensemble, abusent de ce contrat. L’article est trop flou notamment sur son utilisation dans le temps. Il est, en effet, précisé dans l’accord que « si une telle absence se prolonge, il est fait appel à un autre type de contrat ». Le CDD d’usage ne prévoit pas, notamment, d’indemnités de précarité. Il est beaucoup plus intéressant pour les employeurs que le CDD classique…

> L’article sur le CDI d’opération. Il est nulle part indiqué dans l’article qu’avant de procéder à l’utilisation de ce contrat, l’employeur devra faire appel aux ressources internes de l’entreprise voire du groupe et en activant, si besoin, la formation professionnelle. Il est réservé uniquement aux cadres et agents de maîtrise. En 2017, la F3C CFDT a pris une résolution de congrès s’opposant aux contrats de type mission dont fait partie le contrat d’opération.

D’autres sujets motivent le refus de la CFDT de signer cette convention collective :

> La période d’essai pour les cadres (4 mois+ 4 mois renouvelable) qui est disproportionnée par rapport aux autres catégories de personnel. Les nouvelles indemnités de licenciement sont également très nettement défavorables aux cadres par rapport aux conventions d’aujourd’hui. La CFDT a revendiqué un meilleur équilibrage.

> L’annualisation du temps de travail, qui pénalise l’équilibre vie privée/vie professionnel, ne comporte aucune compensation salariale.

Les personnels des imprimeries en fin de carrière, compte tenu de la pénibilité de leur métier, bénéficient de jours supplémentaires de congés à partir de 50 ans ainsi que de la possibilité de les accumuler sur un compte épargne temps. C’est une bonne mesure mais la CFDT regrette que l’article n’ait pas été étendu à toutes les catégories de personnel concernées par la pénibilité.

Les + de cette nouvelle convention

> Congé de paternité : prise en charge par l’entreprise du complément des indemnités versées par la CAF sur les 25 jours.

> Congé de maternité : il est allongé et le complément pris en charge sur 2 mois supplémentaires.

> Congés spéciaux des salariés : ils vont au-delà du code du travail.

> Les indemnités de licenciement sont globalement meilleures pour les employés et les ouvriers

La nouvelle convention renvoie à de futurs négociations dans les 18 mois dans le cadre de la CPPNI sur : égalité professionnelle, l’emploi des personnes handicapées, la participation et l’intéressement, de nouvelles classifications. En fait c’est la vraie vie d’une branche qui, jusqu’à présent, présentait un dialogue social quasiment nul (sauf sur la formation et la PHR).

Vous pouvez feuilleter ci-dessous cette nouvelle convention collective.

2021.07.08-CCN-Presse-en-regions-signes-CGT-et-PQR-avec-compression

Un contexte particulier : une négociation entre employeurs (Alliance) et la Filpac CGT a eu lieu simultanément sur le plan filière imprimerie presse en région. Les deux parties ont signé cet accord qui débouche sur des restructurations dans les imprimeries (suppression de 448 emplois sur 2 ans et aide de 38 millions d’euros de l’Etat). Nous disposons de ces accords détaillés si vous le désirez (beaucoup de titres régionaux sont concernés). Pas représentative dans les imprimeries intégrées, la CFDT n’a pas fait partie de la négociation sur le plan filière et a appris par hasard l’existence de la signature de ce texte par les deux parties ainsi que le contenu de l’accord. Nous pensons que cette négociation a fort probablement influé sur celle de la convention collective.