On peut toujours ironiser en l’appelant la “prime à la trouille” ou le “salaire de la peur”, mais “la prime exceptionnelle” versée par Publihebdos à ses salariés en profitant de la faculté ouverte par la loi, dans la foulée de la révolte des Gilets jaunes, arrive sur les comptes en banque. Et fait du bien.
Cela fait quelques années que les organisations syndicales, dont les élus CFDT, dénoncent les salaires trop bas dans l’entreprise, rappelant sans cesse que la “grille” n’est pas une référence, mais un minimum.
Las. Il aura fallu une nouvelle explosion sociale pour que les gouvernants daignent regarder les problèmes de la France d’en bas. Car si notre République peut s’enorgueillir de sa solidarité avec les plus défavorisée, elle laisse sur le côté une grande masse de travailleurs pauvres, ceux gagnant entre 1 et 1,5 SMIC, qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts.
Dans ce contexte, oui, la prime exceptionnelle est la bienvenue. Même si au final, exonérée de toutes charges sociales, cette “générosité” ne coûte pas très cher à Publihebdos.
A une prime exceptionnelle, nous préférons toujours une augmentation de salaire. Nous regrettons d’ailleurs que les CDD, qui sont les plus précaires, ne bénéficieront pas de l’intégralité de la mesure, mais seulement d’une prime au prorata de leur temps de présence. Nous regrettons aussi l’absence d’un palier intermédiaire pour les salariés bénéficiant d’un salaire entre 2500 et 4500 euros.
Pour rappel, voici les modalités de ce versement :
1. Salariés bénéficiaires
La prime exceptionnelle est versée aux salariés qui remplissent les conditions cumulatives suivantes :
- Bénéficier d’un contrat de travail (CDI ou CDD) en cours au 31 décembre 2018, sans aucune condition d’ancienneté.
- Avoir perçu, au mois de décembre 2018, une rémunération brute totale hors 13ème mois, heures majorées et prime(s) exceptionnelle(s) ou annuelle(s), inférieure à 4 500 €.
- Pour rappel, la loi fixe qu’au-delà d’une rémunération annuelle de plus de 53 944,80 €, la prime perd son caractère d’exonération sociale et fiscale.
2. Montant de la prime exceptionnelle
- 1 000 euros pour les salaires mensuels bruts* inférieurs à 1 900 euros
- 700 euros pour les salaires mensuels bruts* inférieurs à 2 300 euros
- 400 euros pour les salaires mensuels bruts* inférieurs à 2 700 euros
- 200 euros pour les salaires mensuels bruts* inférieurs à 4 500 euros
* Le salaire pris en compte est le salaire brut de décembre 2018, primes d’ancienneté comprises mais hors 13ème mois, heures majorées (heures supplémentaires ou complémentaires) et prime(s) exceptionnelle(s) ou annuelle(s).
3. Modulation du montant de la prime exceptionnelle
Le montant de la prime est modulé selon le temps de présence effectué au cours de l’année 2018. Sont considérés comme présents par la loi n° 2018-1213 du 24 décembre 2018, les salariés absents dans le cadre des congés suivants : le congé de maternité, le congé d’adoption, le congé de paternité, le congé parental d’éducation, qu’il soit à temps complet ou à temps partiel, le congé pour enfant malade, le congé de présence parentale, le congé acquis par don de jours de repos pour enfant gravement malade.
Sont également considérés comme temps de présence, ceux correspondant aux congés payés, aux congés légaux et conventionnels pour événements familiaux, aux journées de formation suivies dans le cadre du plan de formation de l’entreprise, aux périodes de suspension du contrat pour accident de travail ou maladie professionnelle (à l’exception des accidents de trajet et des rechutes dues à un accident du travail intervenu chez un précédent employeur), aux absences des représentants du personnel pour l’exercice de leur mandat et aux journées de formation suivies dans le cadre d’un congé de formation économique, social et syndical.
Le montant de la prime est réduit si le salarié a été embauché au cours de l’année 2018 ou absent pour un autre motif que celui indiqué ci-dessus. La prime est alors calculée au prorata du temps de présence effectué.